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1. Les Auteurs

Ce livre est le premier des deux volumes de souvenirs laissés par Almamy Maliki Yattara, recueillis au magnétophone par Bernard Salvaing, au cours de plusieurs séries d'enregistrements, entre 1985 et 1996.

Almamy Maliki Yattara est né dans les années 20 au Mali, dans la région du Guimballa à l'ouest de Tombouctou, le cÏur de la boucle du fleuve Niger.

Bernard Salvaing, maître de conférences à l'université de Paris 1, Panthéon-Sorbonne, Centre de recherches africaines (9 rue Malher, 75004 Paris), a recueilli le récit de sa vie lors de nombreuses heures d'entretiens.

Almamy Yattara réunissait en lui la grande tradition africaine de la parole et la culture islamique dont il était un éminent représentant. Il a parlé en français. Le rôle de son collaborateur a consisté à composer à partir de ses récits foisonnants un livre obéissant aux règles de présentation de la littérature écrite. Mais rien n'a été changé au contenu du témoignage, dont la spontanéité et le caractère oral ont été la plus possible sauvegardés..

Almamy Yattara, décédé Bamako au Mali en 1998, à l'âge de 75 ans environ, raconte dans ce livre sa vie qui a comporté deux parties bien distinctes :

Son enfance se déroule dans le Guimballa, région de la boucle du Niger située au sud-ouest de Tombouctou. Jusque vers 1950, il poursuit ses études coraniques, il mène l'existence des enfants riverains du Niger, ponctuée par les rythmes de la crue et de la décrue du fleuve. Il fait ses études auprès de nombreux maîtres, dont le plus illustre est Alfa Amadou de Tambéni, qu'il a toujours considéré comme son maître spirituel. Il voyage également entre Tombouctou où il étudie quelques temps et Mopti.

Vers l'âge de 25 ans, il devient à son tour maître coranique, spécialisé dans la jurisprudence. Il enseigne notamment à Kona, Ténenkou puis Mopti.

Au début des années 60, son existence bascule : il suit Amadou Hampâté Bâ à Abidjan, où il séjournera un peu plus d'un an. Il revient ensuite à Bamako, comme technicien de recherches à l'Institut des Sciences Humaines. Une nouvelle vie commence : il accompagnera dans leurs enquêtes de nombreux chercheurs maliens et occidentaux travaillant sur la boucle du Niger, et jouera un rôle important dans la collecte des traditions orales et la photographie des manuscrits. Il sera pour de nombreux chercheurs, qui restèrent en liens d'amitié étroits avec lui, un collaborateur presque indispensable.

Il est mis alors pour la première fois en contact avec le monde moderne, fait plusieurs séjours en France, à l'invitation du Centre National de la Recherche Scientifique. Toute sa vie cependant, il continuera d'avoir des élèves, regrettant souvent de ne pouvoir se consacrer davantage à l'enseignement islamique.

 

2. L'intérêt du livre

L'auteur a grandi dans la région du Guimballa restée très à l'écart, plus lentement affectée que d'autres par la présence coloniale. Lui-même n'a pas suivi l'école en français. Il nous donne donc un témoignage direct sur le mode de vie d'autrefois.

En fait, ce témoignage va bien au delà d'un récit autobiographique. Il s'agit d'un véritable "testament", où sont abordés de multiples thèmes touchant à la vie sociale, économique, religieuse, ou à l'histoire de la région.

Seul un grand maître de l'oralité pouvait réaliser le tour de force de fournir simultanément un récit captivant et une "banque de données" de premier ordre sur une région aujourd'hui en voie de transformation rapide.

Le livre s'ouvre sur la prise de Djenné par Archinard, en 1893, et le deuxième tome se termine sur la vie à Bamako à la fin du XXe siècle. C'est dire que cette fresque monumentale présente en contrepoint un siècle entier d'histoire.

 

3 Le contenu du Tome 1

Dans le tome 1, on pourra lire :

- La description de la vie (éducation, agriculture, élevage, pêche, chasse, artisanat, fêtes, vie sociale et religieuse etc... ) au Guimballa entre 1920 et 1940...évoquée au fil du récit.

- La description de l'enseignement islamique donné à l'époque dans la boucle du Niger et suivi par Almamy Yattara, qui nous indique sa recherche du savoir auprès des maîtres successifs qui l'initient aux sciences islamiques, particulièrement au droit (dont il était un spécialiste reconnu) et à l'ésotérisme musulman.

- L'évocation de la vie du principal maître d'Almamy, Alfa Amadou de Tambéni, sa formation, ses miracles, son enseignement.

- Les relations d'Almamy avec les animaux, "ordinaires" ou doués de pouvoirs magiques.

- A cela s'ajoutent des témoignages sur la période coloniale, dont le moindre intérêt n'est pas de faire comprendre comment les sociétés africaines et européennes ont pu se juxtaposer voire s'influencer sans vraiment se rencontrer.

- Au cours du récit sont rapportées de riches traditions orales, dont une partie cependant sera reportée en annexe au tome 2 pour ne pas interrompre trop longuement ce récit.

- Le tome 1 s'arrête en 1950, lorsque Almamy, âgé de 25 ans, quitte son maître Alfa Amadou pour aller s'installer à Kona, près de Mopti, où il sera à la fois maître et élève.

 


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